Thursday, December 24, 2009

Il y a quelque chose en moi qui s'est arrêté de vivre

Sous une lumière éclatante et blafarde
La neige tombe, dru,
Comme sur une table d'opération ou de billard.

Fins cristaux légers et soyeux,
Recouvrant le monde de leur lourd linceul bleu
Comme la mort qui nous happe avant qu'il ne soit trop tard.

Ta bouche gercée et ton visage hagard
Me rappellent celle que j'avais perdue
Pour me faire revivre ce que je n'avais vécu.

Tes beaux yeux noirs d'obsidienne
Me transpercent de toutes parts
Comme les rayons x d'une radioscopie démentielle.

Tes bras élancés et tes doigts effilés
Caressent leur beauté sur mon corps déchiqueté
Et ton maléfique attrait me flagellerait
Sans que je ne puisse bouger.

J'esquivai ton regard pour ne pas chanceler
Tant j'étais troublé par tes pupilles dilatées
Je désirais te prendre dans mes bras, t'enlacer,
T'implorer de m'étouffer, te demander de m'étrangler,
Pour que je meure de devoir trop t'aimer,
Pour que je souffre de ne plus pouvoir t'aimer.

Je ne pouvais t'accoster mais demandais que tu restes
Je voulais tant t'aimer, mais ne savais t'aimer,
Je n'osais te dire que je t'aimais de peur que tu ne me chasses
Je voulais tant t'aimer, mais ne pouvais t'aimer.

Il y a quelque chose en moi qui s'est arrêté de vivre
Un coeur d'albatre dans un corps de pierre
Et pour pallier à mes insuffisances d'hier
Je recherchai mes mots pour pouvoir les revivre.

Pourtant jamais je n'aurais pu le vivre
Faute de liens pour le vivre
Pourtant jamais je n'aurais su le dire
Faute de mots pour le dire.

J'ai raté le coche depuis déjà trop longtemps
J'ai raté le train, en retard sur le temps
Et pourtant je t'ai beaucoup aimée
Sans jamais pouvoir te le dire
Et pourtant je t'ai toujours aimée
Sans que tu n'aies jamais eu l'occasion de le lire.

©2009 Marwan Elkhoury

Thursday, November 12, 2009

Quand l'amour vous chasse, chassez-le

Je t'écris cette lettre
Du reste,
Tu ne veux plus me voir

Perdue que tu es
Dans des tristesses
Infinies
Qui te protégent,
Du reste,
De la tristesse
Du fini.

Je t'écris cette lettre
Vu que tu refuses toujours
De me voir
Oui, surtout,
Me dis-tu,
Quand tu me dis
Si je te dis,
Amour.

Tu dois te protéger
Me dis-tu,
De mes insistances tenaces
Qui sont,
Oui, des menaces

Certes, te dirais-je,
Oui, mais,
Bien des menaces
Mais des menaces
D'amour.

Je t'écris cette lettre
Du reste,
Je ne te l'enverrai jamais.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne sais rien faire d'autre.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne peux rien faire d'autre.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne peux que,

Jour et nuit,
Je ne peux que
Penser à toi,

Jour et nuit,
Je ne peux que
Penser à toi,

Tu ne sauras jamais
Ni de mon vivant ni du tien
Que je l'ai fait
C'est à peine si de ma mort,
Tu en sauras bien plus.

Je ne te dirais jamais
Rien de ce que je pense
Du mal que tu m'as fait
D'avoir succombé,
En ce jour fatal,
À tes charmes fatals.

Des charmes, qui,
Du reste,
Ne méritaient Ni

Ni un tel acharnement
Ni un tel fourvoiement
Ni un tel dévouement
Mais ce fatal engouement.

Tu aurais pu,
Dieux,
Tu aurais du,
Cieux,

Jeter un regard
Un peu d'égards
Pour atténuer mes larmes.

Je respire l'air vicié
Du monde que tu as quitté
Et suffoque dans cette vie nié,
Car tu m'as délaissé.

Que demandais-je Eve
Qu'égards pour mes rêves
Avant d'expirer sur la grève.

Je me meurs
De ne pas te voir
Je me meurs
De ne pas avoir
C'est aussi bien, ma foi

Je n'aurais pu
Si longtemps souffrir,
Je n'aurais du
Si longtemps tenir,

Ni dans mon âme ni dans mon coeur,
Une telle absence,
Ni dans mon âme ni dans mon corps
Une telle abstinence.

Je t'écris cette lettre
Déjà d'un autre monde,
Car depuis que tu m'as quitté,
J'ai quitté ce monde,

Je t'écris cette lettre
Pour te dire encore
Que, dans cet autre monde,
Même,

Je pense à toi,
Et toujours à toi,
Je t'aime.

Je ne peux me délivrer
De cet amour de toi,
De cet amour pour toi,

Une nouvelle mort pour toi
Une nouvelle mort pour moi
Sans pour autant
Me délivrer de ce mal de toi,

Je me meurs
Un peu plus chaque jour,
À chaque jour pour toujours

Immuable, impérissable
Qu'est pour moi
La mort de t'avoir quittée.

Hélas,
Je ne peux
Ni faire ton bonheur
Ni faire le mien,

Hélas,
Je ne peux
Qu'en faire mon malheur,

Je suis déjà mort à ce monde
Et c'est bien mieux pour tout le monde
Et c'est avec malheur que je ferai le bien
En m'effaçant de ce monde et du tien.

Je ne sais où tu es,
Je ne sais si tu es
Mais ne peux que te souhaiter
Mon bien beau deuil
Ce bel éternel
Que j'ai à te faire.

©2009 Marwan Elkhoury

Monday, October 26, 2009

Noces.

Tu ne m'apparais plus qu'à la clarté de la lune
Quand baignent les nuits de soupirs tumultueux.
Tu m'enlaces alors de tes bras nerveux
Pour me lover dans le sourire des dunes.

Je me baigne dans la lumière de tes yeux
Ta chevelure nuit me porte vers les dieux,
Tes seins fermes me nourrissent de bleus
Et tes lèvres vermeilles étanchent ma soif des cieux.

Je m'arrime à tes élans de bonheur,
Pour accoster aux rives du malheur,
Dans la solitude et l'oubli des heures.

De la conscience de l'espoir
Au tragique de la nuit noire,
J'en accepte le triste sort
Tout comme la légèreté de ma mort.

Ô, évanescents moments,
Figements d'un passé présent,
Abolissant passés et présents,
Aux abords de temps déments.

Chaque amour, une promesse de vie,
Me ramène aux déversoirs du Styx,
Tout en passant par maintes effusions mystiques.

Exilé du souvenir, je suis un immigré de l'amour.
Les ruines me rappellent la fin des temps
Comme les rives aux fils de tant de jours.

Les choses s'en retournent
Aux souvenirs d'elles-mêmes
Sans même en avoir jamais eu
Ni conscience, ni connaissance même.

Nous n'avons de permanent,
Que cet éternel absent,
De cet instant inexistant,
Qui fait notre fière existence.

©2009 Marwan Elkhoury

Tuesday, February 10, 2009

Le péché originel

Mon paradis à moi, c'est quoi ?
Mon paradis à moi, c'est toi,
Ce sont tes yeux couleur d'azur,
Ta chevelure d'ange
Qui me torture,
Tes seins si purs,
Ta bouche vermeille
Qui de groseille s'épure.

Comme dans la chanson: tu m'as quitté
Pour un bouquet de fleurs
Que je ne t'ai pas donné
Il y a longtemps que je t'aime
Plus longtemps que tu ne m'as oublié
Jamais je ne t'oublierai.

Puisque dieu est dieu
Et que l'homme est homme
Il est de ses prérogatives
De chasser du paradis l'homme
Pour une aussi erratique broutille
Que de croquer dans une belle pomme
Couleur myrtille.

Désobéir est humain
Comme punir est divin.
Dans cette vie sans rien
La tentation est grande
De faire un esclandre
Pour un petit bout de pomme
Bien appétissante
pom pom pom pom pom.

Dieu a besoin des hommes pour être dieu,
Satan n'a besoin de rien pour être lui-même.
Sans les hommes, dieu est un tout sans rien.
Encore lui faut-il ce rien pour être un tout.

Satan, dieu du mal, Satan, dieu du rien
Et de ce rien en fait un tout,
Aime les hommes comme nul autre bien.

Les hommes le lui rendent bien
De ces hommes, il en fait des dieux,
Des princes, des conquérants et des preux.

Pour accéder au fruit de la connaissance
Bazarder l'ennui de la béate inconnaissance
Il a fallu se résoudre à la révolte béante
Quitte à gagner les raisins
De la colère d'un dieu tout-puissant.

Que n’ont-ils préféré être seigneurs
En enfer, que serviteurs au ciel,
Accéder aux riches heures
Sans nuls autres bonheurs.

©2009 Marwan Elkhoury