Vierge et archange, elle était là, entre ciel et terre,
Adossée au zinc d'un bar glauque sans lumières,
Sis six rue des soupirs cinglants,
Si désinvolte, enjouée, lascive et déconcertante,
Une peau fendue, léchant sa robe moire,
Assortie à son kohl démoniaque, ses cheveux noirs,
Relevant ses yeux bleus en un cou gracile,
Serti de diamants à mille facettes.
Autour de ses genoux d'or, frissonnants,
De longues jambes guindées, voleuses,
Des hanches galbées, une poitrine pulpeuse,
Et les échancrures de sa robe renforçant
Les appâts de ses formes généreuses.
Un miroir au milieu du bar
Renvoyait les mille feux de son corps
Aux mille garçons avachis
De boissons et de morve.
Mais quoi qu’elle s'offrit à tous en reflet,
Elle était de celles qui ni ne se donne, ni ne se prend,
N'appartenant, vestale, à personne
Sauf à elle-même.
À peine pénétrais-je dans ce saint des saints
Qu'elle m'offrît un regard langoureux
Et entre moi et elle, à dessein,
Tout le monde des soupirs malheureux.
L'Eve était tout en un: amour, séduction, érotisme,
Vénus faite femme, bête sauvage, éros et thanatos,
Et moi, l'Adam, rien du tout, inexistance et mutisme,
Mais avec tout le pathos.
J'embrassais ces lèvres qui avaient
Cet avant-goût de ce que peut être la mort
Quand elle se mêle à cet arrière-goût de l'amour amer
Une illusion de bonheur éternel
Que seul le désespoir de l'infini peut donner,
Dans la reconnaissance du répit éphémère.
Elle n'avait cure qui j'étais.
Je la regardais, afin d'oublier que j'étais
Et l'admirais afin d'oublier qui j'étais.
Je m'abîmais en elle
Et fracassais ce moi,
Que je haïssais autant que je la chérissais.
Tout en elle était mystère
Qui voulait la connaître
Brûlait à jamais dans la lumière.
Lorsque l'on croyait l'avoir domptée,
Elle s'évaporait
Dans le feu des lumières de la nuit.
L'amour tout entier n'est-il pas uniquement
Une tentative désespérée et vouée à l'échec
D'accéder aux ultimes paradis perdus !
Retrouver dans les lignes de ce corps perclus,
Les cercles parfaits du ciel et des enfers
Et dans ces formes ovales
Les sensations vespérales
De tous les arts,
De Botticelli à Picasso,
En passant par Fragonard,
Delacroix, Picabia et Miro.
©2010 Marwan Elkhoury
Adossée au zinc d'un bar glauque sans lumières,
Sis six rue des soupirs cinglants,
Si désinvolte, enjouée, lascive et déconcertante,
Une peau fendue, léchant sa robe moire,
Assortie à son kohl démoniaque, ses cheveux noirs,
Relevant ses yeux bleus en un cou gracile,
Serti de diamants à mille facettes.
Autour de ses genoux d'or, frissonnants,
De longues jambes guindées, voleuses,
Des hanches galbées, une poitrine pulpeuse,
Et les échancrures de sa robe renforçant
Les appâts de ses formes généreuses.
Un miroir au milieu du bar
Renvoyait les mille feux de son corps
Aux mille garçons avachis
De boissons et de morve.
Mais quoi qu’elle s'offrit à tous en reflet,
Elle était de celles qui ni ne se donne, ni ne se prend,
N'appartenant, vestale, à personne
Sauf à elle-même.
À peine pénétrais-je dans ce saint des saints
Qu'elle m'offrît un regard langoureux
Et entre moi et elle, à dessein,
Tout le monde des soupirs malheureux.
L'Eve était tout en un: amour, séduction, érotisme,
Vénus faite femme, bête sauvage, éros et thanatos,
Et moi, l'Adam, rien du tout, inexistance et mutisme,
Mais avec tout le pathos.
J'embrassais ces lèvres qui avaient
Cet avant-goût de ce que peut être la mort
Quand elle se mêle à cet arrière-goût de l'amour amer
Une illusion de bonheur éternel
Que seul le désespoir de l'infini peut donner,
Dans la reconnaissance du répit éphémère.
Elle n'avait cure qui j'étais.
Je la regardais, afin d'oublier que j'étais
Et l'admirais afin d'oublier qui j'étais.
Je m'abîmais en elle
Et fracassais ce moi,
Que je haïssais autant que je la chérissais.
Tout en elle était mystère
Qui voulait la connaître
Brûlait à jamais dans la lumière.
Lorsque l'on croyait l'avoir domptée,
Elle s'évaporait
Dans le feu des lumières de la nuit.
L'amour tout entier n'est-il pas uniquement
Une tentative désespérée et vouée à l'échec
D'accéder aux ultimes paradis perdus !
Retrouver dans les lignes de ce corps perclus,
Les cercles parfaits du ciel et des enfers
Et dans ces formes ovales
Les sensations vespérales
De tous les arts,
De Botticelli à Picasso,
En passant par Fragonard,
Delacroix, Picabia et Miro.
©2010 Marwan Elkhoury