Tuesday, November 19, 2013

J'ai la nostalgie de ce que je n'ai connu



J'ai la nostalgie de ce que je n'ai connu,
Les pays jamais traversés,
Les corps jamais caressés,
Les lèvres jamais embrassées,
Et la nostalgie de paradis inconnus.

©2013 Marwan Elkhoury

Thursday, April 21, 2011

Toi ou une autre

Une autre ou toi,
Qu'importe !
Il a fallu que ça soit toi.

Jamais je n'oublierai
Quand, un soir de juillet,
Tu m'as séduit.

De Paris à Venise,
En passant par fraises et cerises,
Tu m'as ensorcelé.

Entre pinots rouge sang,
Et glaces au chocolat fondant,
Tes lèvres, j'ai embrassé.

Entre vents et marées, tu m'as porté,
Entre sacs et ressacs, tu m'as bercé,
Entre larmes et rires, tu m'as percé.

Puis, sans un mot laissé,
En une aube, lassée,
Tu es partie,
Et, sans jamais te retourner,
A mes pleurs, tu ne t'es attendrie.

Et maintenant, loin de toi
Laisse-moi fuir,
De tout lien, libère-moi
Me préférant sans toi et sans devenir.

©2011 Marwan Elkhoury

Thursday, September 9, 2010

La complainte du condamné

Tu m'avais quittée sans te retourner.
Je suis parti pour ne pas te quitter,
J'ai épousé le vent comme la pluie
Pour fuir les saisons qui me fuient.

Je ne sens plus les printemps passer,
Balayé par des hivers rigoureux.
Je vogue sur des océans démontés,
Refroidi par des espaces sans cieux.

Je pars me consoler dans des volcans éteints,
Comprendre ce que l'amour ne m'a donné,
Consumer mes peines sous cette voûte étoilée,
Pour épurer l'éprise dans mon coeur atteint.

J'ai besoin d'absorber des poisons amers,
Pour mériter l'absolution des enfers,
M'évanouir dans l'atmosphère éthérée,
Et chanter la complainte du condamné.

©2010 Marwan Elkhoury

Saturday, August 14, 2010

Saurions-nous encore nous aimer

Que dirions-nous, ce jour-là,
Si nous devions nous revoir.

Saurions-nous quoi nous dire
Après tout ce temps sans le dire,
Saurions-nous quoi prédire,
Après tout ce temps sans se voir.

Retrouverions-nous les mots
Qu'à la lueur de nos ors passés
Nous n'aurions su nous dire.

Retrouverions-nous les rires
À l'ombre des fleurs flétries,
Faute de se voir, faute de les dire,
Nous n'aurions pu les lire.

Si nous nous revoyons encore
À l’aube d'un soleil couchant
Pourrions-nous nous aimer encore
Comme nous nous sommes aimés tant.

Saurions-nous nous fondre dans la magie
Avec ou sans l'aide de bougies.
Pourrions-nous encore sourire
Avec ou sans fleurs de paradis.

Saurions-nous encore nous aimer
Revivre nos anciens amours,
Nourrir une gloire passée,
Dans la pénombre de ces jours.

Ne sera ce jour
Où nous devrions nous voir,
Il sera toujours
Un autre jour.

Et ces paroles, toujours désirs,
Mais jamais dites,
Seront toujours
Pour des jours à venir.

L'avenir n'est jamais aujourd'hui
Il est demain.
Nous ne vivons que des lendemains
Et jamais l'aujourd'hui.

Où sont passés nos rêves d'antan
Où sont passées nos fleurs d'Ispahan.
J'ai rêvé mes rêves pour ne pas les vivre
Et vécu mes vies pour ne pas les rêver.

Où sont passés nos rêves d'antan
Où sont passés nos rires d'enfants
Ce soir, dans la pénombre, je me demande,

Où sont passés nos amours en fleurs
Abandonnés parmi des fleurs sans amours.

©2010Marwan Elkhoury

Thursday, July 22, 2010

Elle est partie pour toujours

Elle est partie, oui, pour toujours
Me lâchant dans la nuit noire des jours.
La poésie n'a pas les mots toujours
Pour étouffer les larmes de l'amour.

Depuis, mon ombre m'a aussi lâchée
Partie rejoindre d'autres étés.
Installé dans l'hiver de ma solitude,
Je vis parmi les neiges d'altitude.

J'avais cru trouver le bonheur par amour
Au lieu du malheur aux rendez-vous de toujours.
Dis-moi, pourquoi t'avoir rencontrée pour te perdre
Et pourquoi se connaître pour mieux se défaire.

Tes caresses sont à présent des blessures amères
Et tes charmes se transforment en larmes de sel.
Pourquoi les mots quand ils partent en guerre
Contre une pensée, qui, d'amour, devient fiel.

Emporté dans le sac de mes errances
Personne pour entendre mes silences,
Plus même le mot dans lequel me réfugier,
Que le silence sépulcral pour m'alléger.

©2010 Marwan Elkhoury

Monday, June 21, 2010

Il n'y a pas d'amour heureux

Je t'ai rencontrée par hasard
Et t'ai perdue par nécessité.
Il me fallait t'aimer sans retard,
Te préservant pour l'éternité.

Je t'ai toujours connue
Avant même que tu ne fus
J'ai eu, de toi, la nostalgie,
Avant même que tu ne me fuies.

Et maintenant que je t'ai rencontrée
Tu me manques déjà,
À l'idée que demain, je t'aurais,
Perdue, à tout jamais, hélas.

Le temps n'est pas avec nous
Car le temps joue contre nous.
Contre le temps, la lutte est, d'avance, perdue,
Comme en amour, c'est, du reste, sans issue.

Ce mot, je t'aime,
Tu ne m'as jamais laissée te le dire.
Maintenant que tu n'es plus avec moi,
Je peux, sans cesse, te le dire:

Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime.

Tu m'as dit qu'il n'était pas décent
Qu'après trois heures, ça ne se disait guère,
Mais ce mot, dès mon premier regard,
Je te le murmurais déjà en dedans.

Tu me dis qu'il ne faut pas t'aimer
Car tu devrais me quitter
Mais je ne sais que t'aimer
Même au prix de te quitter.

Tu me dis qu'il ne faut pas s'attacher
Car tu devrais me quitter
Comme si aimer allait sans s'attacher
Même si au bout du jour tu me quittais.

Tu me parles du futur
Où tu ne seras plus
Je me raccroche au passé
Ou la promesse d'être.

Tu me dis qu'il faut t'oublier
Comme si je le pouvais,
Et même si je le voulais,
Je ne saurais t'oublier.

Tu me dis, va-t-en, vis ta vie,
Ne reste pas avec moi,
Je te dis, va-t-en, vis ta vie,
Sans m'en demander plus.

Ma vie n'est rien sans toi
Car ma vie, c'est toi,
Et que sans toi,
Je suis sans voie.

Tu m'auras bien vite oublié
Et si tu te souviens de moi encore
Ça sera comme d'un lointain mirage
Comme pour ces marins assoiffés
Aux souvenirs du rivage.

Tu m'as donné le bonheur de t'aimer
Et le malheur de te perdre
Depuis je ne connais plus que le malheur
Et perdu le sourire de tes heures.

J'ai trop aimé l'amour pour pouvoir le vivre
L'amour, il faut en rêver et non le vivre
Le temps ne joue pas en notre faveur
Tu m'as quitté pour m'en donner la preuve.

©2010 Marwan Elkhoury

Saturday, May 1, 2010

Tant pis si le temps me quitte

Tant pis si le temps me quitte,
Tant pis si la vie s'esquive,
Et que la mort, les bras ballants,
M’invite.

Au moins, toi, ne me quitte pas,
Nous le regretterons tous deux.

Que pouvons-nous faire ?
Nos pas se sont mis en travers.
Nous ne pouvons nous en défaire.

Ne t'attache pas à moi,
Prends-moi dans tes bras.
Je vais disparaître.
Le temps m'effacera.

Ne me quitte pas,
Aime-moi maintenant.
La vie ne durera pas
Longtemps.

Tu as vu la paix.
La paix n'a pas duré.
La guerre nous a séparé,
Comme elle l'a toujours fait.

Pour oublier le temps
Prends-moi dans tes bras
Le temps de t'aimer.

Je ne veux pas te perdre
Je t'ai à peine retrouvée
Tiens-moi dans tes bras
Serre-moi très fort.

Garde-moi là pour toujours
Je ne serai pas là toujours
Ni ne sera toujours là l'amour

Chaque fois que je te retrouve
Le tragique nous traverse
Tiens-moi,
Le temps que le temps se déverse
De la plaie béante qui s'entrouvre.

Laisse-moi m'éloigner
Avant de t'aimer
Nous avons si peu de temps.

Prends-moi dans tes bras
Je me meurs sans toi

Attends ! Ne pars pas !
J'ai de la peine.
Je me meurs sans toi
Ne pars pas ! Je t'aime.

©2010 Marwan Elkhoury

Tuesday, February 2, 2010

Eve

Vierge et archange, elle était là, entre ciel et terre,
Adossée au zinc d'un bar glauque sans lumières,
Sis six rue des soupirs cinglants,
Si désinvolte, enjouée, lascive et déconcertante,

Une peau fendue, léchant sa robe moire,
Assortie à son kohl démoniaque, ses cheveux noirs,
Relevant ses yeux bleus en un cou gracile,
Serti de diamants à mille facettes.

Autour de ses genoux d'or, frissonnants,
De longues jambes guindées, voleuses,
Des hanches galbées, une poitrine pulpeuse,
Et les échancrures de sa robe renforçant
Les appâts de ses formes généreuses.

Un miroir au milieu du bar
Renvoyait les mille feux de son corps
Aux mille garçons avachis
De boissons et de morve.

Mais quoi qu’elle s'offrit à tous en reflet,
Elle était de celles qui ni ne se donne, ni ne se prend,
N'appartenant, vestale, à personne
Sauf à elle-même.

À peine pénétrais-je dans ce saint des saints
Qu'elle m'offrît un regard langoureux
Et entre moi et elle, à dessein,
Tout le monde des soupirs malheureux.

L'Eve était tout en un: amour, séduction, érotisme,
Vénus faite femme, bête sauvage, éros et thanatos,
Et moi, l'Adam, rien du tout, inexistance et mutisme,
Mais avec tout le pathos.

J'embrassais ces lèvres qui avaient
Cet avant-goût de ce que peut être la mort
Quand elle se mêle à cet arrière-goût de l'amour amer

Une illusion de bonheur éternel
Que seul le désespoir de l'infini peut donner,
Dans la reconnaissance du répit éphémère.

Elle n'avait cure qui j'étais.
Je la regardais, afin d'oublier que j'étais
Et l'admirais afin d'oublier qui j'étais.

Je m'abîmais en elle
Et fracassais ce moi,
Que je haïssais autant que je la chérissais.

Tout en elle était mystère
Qui voulait la connaître
Brûlait à jamais dans la lumière.

Lorsque l'on croyait l'avoir domptée,
Elle s'évaporait
Dans le feu des lumières de la nuit.

L'amour tout entier n'est-il pas uniquement
Une tentative désespérée et vouée à l'échec
D'accéder aux ultimes paradis perdus !

Retrouver dans les lignes de ce corps perclus,
Les cercles parfaits du ciel et des enfers

Et dans ces formes ovales
Les sensations vespérales
De tous les arts,

De Botticelli à Picasso,
En passant par Fragonard,
Delacroix, Picabia et Miro.

©2010 Marwan Elkhoury

Thursday, December 24, 2009

Il y a quelque chose en moi qui s'est arrêté de vivre

Sous une lumière éclatante et blafarde
La neige tombe, dru,
Comme sur une table d'opération ou de billard.

Fins cristaux légers et soyeux,
Recouvrant le monde de leur lourd linceul bleu
Comme la mort qui nous happe avant qu'il ne soit trop tard.

Ta bouche gercée et ton visage hagard
Me rappellent celle que j'avais perdue
Pour me faire revivre ce que je n'avais vécu.

Tes beaux yeux noirs d'obsidienne
Me transpercent de toutes parts
Comme les rayons x d'une radioscopie démentielle.

Tes bras élancés et tes doigts effilés
Caressent leur beauté sur mon corps déchiqueté
Et ton maléfique attrait me flagellerait
Sans que je ne puisse bouger.

J'esquivai ton regard pour ne pas chanceler
Tant j'étais troublé par tes pupilles dilatées
Je désirais te prendre dans mes bras, t'enlacer,
T'implorer de m'étouffer, te demander de m'étrangler,
Pour que je meure de devoir trop t'aimer,
Pour que je souffre de ne plus pouvoir t'aimer.

Je ne pouvais t'accoster mais demandais que tu restes
Je voulais tant t'aimer, mais ne savais t'aimer,
Je n'osais te dire que je t'aimais de peur que tu ne me chasses
Je voulais tant t'aimer, mais ne pouvais t'aimer.

Il y a quelque chose en moi qui s'est arrêté de vivre
Un coeur d'albatre dans un corps de pierre
Et pour pallier à mes insuffisances d'hier
Je recherchai mes mots pour pouvoir les revivre.

Pourtant jamais je n'aurais pu le vivre
Faute de liens pour le vivre
Pourtant jamais je n'aurais su le dire
Faute de mots pour le dire.

J'ai raté le coche depuis déjà trop longtemps
J'ai raté le train, en retard sur le temps
Et pourtant je t'ai beaucoup aimée
Sans jamais pouvoir te le dire
Et pourtant je t'ai toujours aimée
Sans que tu n'aies jamais eu l'occasion de le lire.

©2009 Marwan Elkhoury

Thursday, November 12, 2009

Quand l'amour vous chasse, chassez-le

Je t'écris cette lettre
Du reste,
Tu ne veux plus me voir

Perdue que tu es
Dans des tristesses
Infinies
Qui te protégent,
Du reste,
De la tristesse
Du fini.

Je t'écris cette lettre
Vu que tu refuses toujours
De me voir
Oui, surtout,
Me dis-tu,
Quand tu me dis
Si je te dis,
Amour.

Tu dois te protéger
Me dis-tu,
De mes insistances tenaces
Qui sont,
Oui, des menaces

Certes, te dirais-je,
Oui, mais,
Bien des menaces
Mais des menaces
D'amour.

Je t'écris cette lettre
Du reste,
Je ne te l'enverrai jamais.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne sais rien faire d'autre.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne peux rien faire d'autre.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne peux que,

Jour et nuit,
Je ne peux que
Penser à toi,

Jour et nuit,
Je ne peux que
Penser à toi,

Tu ne sauras jamais
Ni de mon vivant ni du tien
Que je l'ai fait
C'est à peine si de ma mort,
Tu en sauras bien plus.

Je ne te dirais jamais
Rien de ce que je pense
Du mal que tu m'as fait
D'avoir succombé,
En ce jour fatal,
À tes charmes fatals.

Des charmes, qui,
Du reste,
Ne méritaient Ni

Ni un tel acharnement
Ni un tel fourvoiement
Ni un tel dévouement
Mais ce fatal engouement.

Tu aurais pu,
Dieux,
Tu aurais du,
Cieux,

Jeter un regard
Un peu d'égards
Pour atténuer mes larmes.

Je respire l'air vicié
Du monde que tu as quitté
Et suffoque dans cette vie nié,
Car tu m'as délaissé.

Que demandais-je Eve
Qu'égards pour mes rêves
Avant d'expirer sur la grève.

Je me meurs
De ne pas te voir
Je me meurs
De ne pas avoir
C'est aussi bien, ma foi

Je n'aurais pu
Si longtemps souffrir,
Je n'aurais du
Si longtemps tenir,

Ni dans mon âme ni dans mon coeur,
Une telle absence,
Ni dans mon âme ni dans mon corps
Une telle abstinence.

Je t'écris cette lettre
Déjà d'un autre monde,
Car depuis que tu m'as quitté,
J'ai quitté ce monde,

Je t'écris cette lettre
Pour te dire encore
Que, dans cet autre monde,
Même,

Je pense à toi,
Et toujours à toi,
Je t'aime.

Je ne peux me délivrer
De cet amour de toi,
De cet amour pour toi,

Une nouvelle mort pour toi
Une nouvelle mort pour moi
Sans pour autant
Me délivrer de ce mal de toi,

Je me meurs
Un peu plus chaque jour,
À chaque jour pour toujours

Immuable, impérissable
Qu'est pour moi
La mort de t'avoir quittée.

Hélas,
Je ne peux
Ni faire ton bonheur
Ni faire le mien,

Hélas,
Je ne peux
Qu'en faire mon malheur,

Je suis déjà mort à ce monde
Et c'est bien mieux pour tout le monde
Et c'est avec malheur que je ferai le bien
En m'effaçant de ce monde et du tien.

Je ne sais où tu es,
Je ne sais si tu es
Mais ne peux que te souhaiter
Mon bien beau deuil
Ce bel éternel
Que j'ai à te faire.

©2009 Marwan Elkhoury

Monday, October 26, 2009

Noces.

Tu ne m'apparais plus qu'à la clarté de la lune
Quand baignent les nuits de soupirs tumultueux.
Tu m'enlaces alors de tes bras nerveux
Pour me lover dans le sourire des dunes.

Je me baigne dans la lumière de tes yeux
Ta chevelure nuit me porte vers les dieux,
Tes seins fermes me nourrissent de bleus
Et tes lèvres vermeilles étanchent ma soif des cieux.

Je m'arrime à tes élans de bonheur,
Pour accoster aux rives du malheur,
Dans la solitude et l'oubli des heures.

De la conscience de l'espoir
Au tragique de la nuit noire,
J'en accepte le triste sort
Tout comme la légèreté de ma mort.

Ô, évanescents moments,
Figements d'un passé présent,
Abolissant passés et présents,
Aux abords de temps déments.

Chaque amour, une promesse de vie,
Me ramène aux déversoirs du Styx,
Tout en passant par maintes effusions mystiques.

Exilé du souvenir, je suis un immigré de l'amour.
Les ruines me rappellent la fin des temps
Comme les rives aux fils de tant de jours.

Les choses s'en retournent
Aux souvenirs d'elles-mêmes
Sans même en avoir jamais eu
Ni conscience, ni connaissance même.

Nous n'avons de permanent,
Que cet éternel absent,
De cet instant inexistant,
Qui fait notre fière existence.

©2009 Marwan Elkhoury

Tuesday, February 10, 2009

Le péché originel

Mon paradis à moi, c'est quoi ?
Mon paradis à moi, c'est toi,
Ce sont tes yeux couleur d'azur,
Ta chevelure d'ange
Qui me torture,
Tes seins si purs,
Ta bouche vermeille
Qui de groseille s'épure.

Comme dans la chanson: tu m'as quitté
Pour un bouquet de fleurs
Que je ne t'ai pas donné
Il y a longtemps que je t'aime
Plus longtemps que tu ne m'as oublié
Jamais je ne t'oublierai.

Puisque dieu est dieu
Et que l'homme est homme
Il est de ses prérogatives
De chasser du paradis l'homme
Pour une aussi erratique broutille
Que de croquer dans une belle pomme
Couleur myrtille.

Désobéir est humain
Comme punir est divin.
Dans cette vie sans rien
La tentation est grande
De faire un esclandre
Pour un petit bout de pomme
Bien appétissante
pom pom pom pom pom.

Dieu a besoin des hommes pour être dieu,
Satan n'a besoin de rien pour être lui-même.
Sans les hommes, dieu est un tout sans rien.
Encore lui faut-il ce rien pour être un tout.

Satan, dieu du mal, Satan, dieu du rien
Et de ce rien en fait un tout,
Aime les hommes comme nul autre bien.

Les hommes le lui rendent bien
De ces hommes, il en fait des dieux,
Des princes, des conquérants et des preux.

Pour accéder au fruit de la connaissance
Bazarder l'ennui de la béate inconnaissance
Il a fallu se résoudre à la révolte béante
Quitte à gagner les raisins
De la colère d'un dieu tout-puissant.

Que n’ont-ils préféré être seigneurs
En enfer, que serviteurs au ciel,
Accéder aux riches heures
Sans nuls autres bonheurs.

©2009 Marwan Elkhoury

Tuesday, December 9, 2008

J'aime trop la vie pour la vouloir vivre

J'aime trop la vie pour la vouloir vivre,
J'aime trop l'amour pour le vouloir vivre,
Il faut rêver sa vie et non la vivre,
Fixer l'éternité dans son instantanéité,
Figer le temps en son évanescence.

Comment vivre le désir de ce qu'on ne peut vivre
Vivre le désir de ce qu'on ne peut connaître,
Comment être aimé de ceux qu'on désire aimer,
Aimer le désir d'aimer mais ne pas aimer,
Désirer le désir d'aimer sans en aimer l'aimer.

Rêver me permets de fixer le réel,
Donner consistance à l'inconsistant,
Arrêter le temps et vivre l'éternité.

Je ne sais ni qui je suis ni si je suis,
Je ne sais ce que je sais ni si je sais.
Je ne sais ni d'où je viens ni où je vais,
Je ne sais ni si je vis ni où je vis,
Ni quand j'ai vécu, si j'ai vécu ou ai été vécu.

Je ne sais qui tu es ni ce que je suis,
Ne sais ce que je fais quand je suis fait
Ne comprend ce que j'écris qui m'est écrit.

J'aime trop la vie pour la vouloir vivre,
Pouvoir rêver sa vie et non la vivre.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, November 27, 2008

Le virus de l'amour

Tu es rentrée dans ma vie par effraction
Et pour cette fraction de seconde où tu m'as aimé
Tu m'as inoculé le virus de l'amour.

Tu fus mon premier et dernier amour.
Et pour le restant de mes tristes jours,
Tu auras été ma seule et unique passion.

Passé cet éclair d'instant,
Tu ne m'as plus jamais aimé.
Mais pour ce court moment
Que tu m'as octroyé,
Je suis tombé à tes pieds,
Pour ne jamais plus me relever.

Toute ma vie, je t'aurais aimée
Toute ta vie, tu m'auras damné.

Pour mon malheur, je t'ai aimée
Pour ton bonheur, je t'ai aimée.

Pour mon malheur, tu m'as délaissé.
Pour ton bonheur, tu m'as abandonné.

Je t'ai aimée dès mon premier regard
Tu n'as eue pour moi aucun égard.

Je t'ai aimée de mon premier regard
Tu as été pour moi, tout hagard.

Pour mon malheur et pour le tien,
Nous nous sommes rencontrés sans nous rencontrer,
J'ai traversé ta vie en la caressant,
Tu as traversé ma vie en la transgressant.

Par toi, j'ai découvert ce gouffre d'amour
Que tu n'as su remplir que par ton mépris.
Et fière d'être restée si peu éprise
Moi, de toi, je me mourrais d'amour.

Et sur mon lit de mort, je t'ai demandée,
Et sur mon lit de mort, tu m'as dédaigné.
Juste que sur mon lit de mort, tu as fais le mort,
Juste que sur mon lit de mort, tu m'as fait tort.

Je n'aurais pas dû t'aimer mais tu m'as aimé
Tu aurais dû m'aimer mais tu ne m'as pas aimé
Quel est cet amour qui est sans amour
Contre cet amour si plein d'amour.

La vie est un rêve
Qu'il ne faut pas vivre,
Une vie qu'il faut pouvoir rêver
Pour la pouvoir vivre.

©2009 Marwan Elkhoury

Sunday, November 23, 2008

Je ne sais plus dire: je t'aime

Je ne sais plus dire: je t'aime
Je ne suis plus capable d'aimer
J'ai perdu les mots
Envahi par mes maux,
Ne puis plus qu'ânonner.

J'ai perdu l'amour
Sans en perdre la nostalgie
Perdu la parole
Sans en perdre la maléfique envie
Perdu pour toujours
Perdu à mort.

Si rien ne se perd
Et que tout se retrouve,
Suis-je celui que je ne suis pas,
Comme je me perds
Et ne me retrouve pas.

Pourquoi ne connais-je de l'amour
Que ce qui ne se trouve,
Pourtant, mon je parle encore
De son je, de mon je,
Ne parle que du je,
N'ayant plus que le je
À qui parler encore.

Que faire si le je
Ne se prend plus au jeu,
Si la voix s'est tue
Si le tu s'est tue
Si le toi c'est moi
Et le moi en croix.

Pourrait-on en faire autant
Pour ce je qui ne l'est plus
Adieu, mon dieu, adieu, va-t-en.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, November 22, 2008

Le fou de la nuit (Majnoun et Layla)

J'ai rencontré la nuit
Un jour de pleine lune
Aveuglé par sa vue,
J'en ai perdu la vue.

Elle était belle
Comme le jour,
Ses lèvres rouges
Comme les pommes.

J'ai brûlé pour elle
D'un violent amour,
Qui m'acheva en somme.

J'étais fou d'elle,
Fou qu'elle me rendit à moi,
Comme elle ne voulait pas de moi,
Et moi qui ne voulait plus qu'elle.

Ô ma nuit, en toi je voudrais m'ensevelir,
Oublier que je t'aime, oublier, m'évanouir,
Pourquoi veux-tu me fuir,
Quand je ne veux que t'aimer.

L'amour est-il si dangereux
Que même le bonheur est malheureux,
Qu'une mort dans une tombe sans bruit,
Vaut mieux qu'une vie dans le silence de la nuit.

Je me suis plongé alors dans la nuit
Pour oublier qu'elle me fuit,
Mais partout là où je vais,
Je retrouve son visage
Qui me lacère de plaies
Et me comble de présages.

Ô ma nuit, enveloppe-moi dans ton obscurité,
Que je ne voie plus que ta lumière dans l'éternité,
Brûle-moi dans l'enfer de tes yeux,
Et qu'auprès de toi j'en oublie même tes dieux.

Je t'ai donné mon âme,
Je n'ai reçu que blâme,
Je t'ai laissé mes pleurs,
Je n'ai reçu que heurts.

Ô rage, ô désespoir,
Quel est ce sifflement dans le noir,
Ces serpents qui s'enlacent autour,
Autour de ce corps fou d'amour.

Y a-t-il guérison possible
À un amour sans cible,
Que morsure de scorpions,
En plus de cet abandon.

Ô amant esseulé,
Ô manant essoufflé,
Tu n'as nuit où te cacher,
La nuit t'a déjà fauchée.

Heureux que l'ange de la mort
Tende son cœur au corps
Meurtri par l'amour,
Naissant à la mort.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, November 11, 2008

J'aimerais pouvoir te dire je t'aime

J'aimerais pouvoir te dire je t'aime
Mais tu ne me le permets pas
Car tu ne m'aimes pas.

Je croyais avoir à jamais
Perdu la faculté d'aimer
Mais tu me l'as redonnée
Sans pour autant me donner
Le droit de t'aimer.

Je te le dis quand même
Même si tu ne m'aimes pas
Pour te rappeler que, ma foi, je t'aime.

Je me fous si tu m'aimes ou pas
Ce que j'aime c'est que je t'aime
J'ignorais que je pouvais encore aimer
Par ces temps d'indifférence obligée.

"J’ai perdu l’espoir de t’aimer
Et gagné le désespoir de t’aimer."
Ah que la vie est belle,
Et que l’amour est frêle.

©2008 Marwan Elkhoury

Monday, November 10, 2008

Romance sans paroles III

Ô toi, diable ou dieu, qui m'impose ces tortures.
Pourquoi t'ai-je fait mon ami si ce n'est pour me libérer
Des tortures de l'amour et m'offrir les plaisirs des cabarets.

J'ai quitté les femmes et leurs belles parures
Pour épouser le cloître et ses illuminés,
Prier à ma libération des paradis dorés.

Je retrouve les beautés de la nature à l'état pur,
Simples, violentes, effrénées et parfumées,
Qui m'enivrent de leurs poisons frelatés.

Adieu vierges, saintes, succubes et autres impures,
Non, je ne regrette rien, seul, dans mon île, isolé,
Où, enfin, je peux crier tout haut ma douleur inépuisée.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, November 9, 2008

Romance sans paroles II

Je vis la nuit mes affres du jour
De vivre sans amour
D'aimer sans retour.

Pourquoi suis-je si bête
Pour aimer une telle quête
Alors que ma vie pourrait être une fête
Si décidément j'avais plus de tête.

Je mourrais si elle était près de moi.
Le sachant elle reste loin de moi.
Et je passe le plus clair de mes jours
À pleurer mon inconsolable amour.

Je suis sa nuit, elle est mon jour
Les affres de l'amour
De vivre sans amour.

©2008 Marwan Elkhoury

Romance sans paroles I

C'est d'elle que je parle
Et non à elle que je parle.
Je trace, de mon sang, son image,
Et je pleure, bon sang, sous l'orage.

À ma belle, je l'appelle
Et à ma plainte sans appel
Ne répondent que les coups
De mon coeur à bout.

Je plains les amoureux
Qui sont aimés si peu
Ils ne récoltent que misères
Et se retrouvent toujours à terre.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, November 6, 2008

M Comme Aime Ou Le Mal d'Aimer

Love, what is love,
Is there any love
Around ! Not that I know of.
Let me cry, cry, cry.
Cry baby cry.

I'm crying, just crying, so simply crying.
Who cares ! baby cry.
You can dry all your soul alone,
But you’re just alone,
And nobody cares
Nobody gives a damn
No not at all.

Je t'écris mes cris, ne pouvant te les dire
Je me suis moqué de l'amour
Comme je me suis moqué de la vie et du rire,
Comme je me suis moqué de la mort.

Aujourd'hui, tous ces fantômes
Resurgissent à nouveau et me hantent,
L'amour se moque de moi,
Comme la mort et la vie aussi.

Ils n'ont pas apprécié mes humeurs
Ni apprécié mon humour ni mes hauteurs,
Encore moins mes sarcasmes poseurs.

Je me suis blessé à l'amour,
Un amour qui ne m'aime pas,
Qui m'en fait sentir toutes les affres,
Sans me les jamais faire connaître.

Tu es moche et c'est bien fait
Pour toi, me dirait-elle,
Et elle a évidemment bien raison.

Je mérite tout ce que j'ai, haine et indifférence
Et tout ce que je n'ai pas, amour et tendresse.
Tout n'est plus que ruines et désastres, je le pense,
Comme tout l'a toujours été avant même que je ne le presse.

Je ne vais rien faire pour que tu viennes.
En m'oubliant un peu, je t'oublierai beaucoup,
Et j'aurai alors moins le mal de toi.

Ma vie est un chemin de croix
Que je parcoure tous les jours
Du soir jusqu'aux premières lueurs du jour
Jusqu'à la mort et sans amour.

Le Christ est monté sur la croix,
En une seule fois.
En voulant prendre sur lui toutes les souffrances du monde,
Pourquoi a-t-il manqué de prendre les miennes.

Point, contrepoint, amour, contre-amour.
Point de contr'amour pour pallier au manque d'amour.
Le temps des pleurs est terminé,
Terminons la tâche si bien malmenée,
Par un amen si mal entonné.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, November 2, 2008

De quoi devrais-je te parler

Je ne te parle que de ce qui n'est pas,
Car, de ce qui est, ne m'en parle pas.
Aimerais-tu que je te parle de ce qui est,
De la mort ou de la guerre, comme toujours,

Tu es morte avant de me donner l'amour,
Tu es morte avant de me donner la vie,
Tu es morte avant de me donner la mort,
Absences, maladies et souffrances de vies,

Qu'est-ce qui est de ce qui est,
Tandis que moi je te parle de ce qui n'est pas,
Comme de l'amour, de la joie ou de la foi,
De ces riches heures avec ceux qui ne sont plus,
Comme de ces rencontres impossibles avec ceux qui plus que sont

Je te parle de ces aurores sidérales,
Ces déserts de glaces délirantes,
Des journées bleues et des nuits en arc-en-ciel,
Des soleils noirs et des astres bleu ciels,
De ta chevelure blonde et de tes yeux bleu clairs,
De tes dents d'ivoire, de tes perles au cou et de ta bouche vermeille,
Je te parle de ces vagues qui caressent doucement tes pieds
De ma main, qui sème le sable sur ton sein tanné,
De l'écume du jour qui effleure tes doigts effilés.

Je te parle de ces réveils sur Pétra la riche
Courtisane des mers mortes,
Et de ces nuits éthérées
Sur les plages de Thalassodendro,
Je voudrais compter toutes les étoiles
Du ciel et de la mer
Et te les décrire, une à une,
Après les avoir visitées, l'une après l'autre,

Je voudrais te parler des tempêtes des mers du nord,
Et des volcans des mers du sud,
Des feux de l'amour qui revivent après des siècles de froid,
Et des saisissements de plaisir à l'idée de toi,

Je voudrais te parler, te parler et te parler,
De tout mon souffle, omettant virgules,
Points-virgules et surtout les points,
Pour que tu ne me quittes jamais plus.
Mais je te parle de ce qui n'est pas,
Car si tu étais je ne t'en aurais pas parlé.

©2008 Marwan Elkhoury

Je ne suis plus de mon temps

Par ces temps qui courent,
Je ne suis plus de mon temps,
Ce temps qui n'a plus son temps,
Ce temps qui n'est plus de son temps.

Quel est ce temps, ce temps de chien,
Qui n'a le temps, le temps de rien,
Qui, ni ne le prends, ni ne dis: tiens.

Ce temps n'a plus le temps du temps,
Non qu'il ait le temps pour toi ou pour moi,
Il n'a le temps de rien.
Comment donc, pourrais-je avoir, moi,
Aussi le temps pour toi et pour moi.

Et si je n'ai plus le temps
Qu'avons-nous encore que l'on puisse partager,
Ensemble, ce passage dans l'espace et le temps,
Toi et moi, ce bout de chemin sous un rayon de lune,
Ce bouquet de roses rouges sur une terrasse de café
Cette main nue que je désirais tenir dans ma main qui tremble
Mais qui a disparu dans le sillon d’une dune,
Ces lèvres gercées que je voulais tant embrasser
Qui se sont évanouies à la lumière d'un soleil passé.

Je t'ai aimé plus que je ne me suis aimé,
Mais la vie m'a arraché
À cet amour qui ne m'était pas destiné
Mais à un autre plutôt qu'à moi

Quand il n'y a plus rien à faire ici,
Il est alors peut-être temps de partir,
Partir pour oublier, partir pour partir,
Partir pour continuer, partir pour retrouver,
Partir pour reconnaître, partir pour re-aimer,
Partir pour repartir
Vers cette autre qui voudrait,
Que sais-je, peut-être tant aimer.

Que reste-t-il encore de nous, de nos amours
Quand il n'y a plus le temps, ni l'argent, du reste,
Pour s'aimer et s'étreindre,
Tout juste encore le temps de s'éteindre.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, October 26, 2008

Asymétrie du marché de l'amour

C'est quand j'ai commencé à vivre
Que je me suis arrêté de vivre.
Et celui que je suis est celui qui m'a été arraché.
Ma vie disparaît à mesure qu'elle apparaît
Comme mon amour chavire à mesure qu'il s'avive.

La révélation de ma vie fut ma disparition.
À mon amour pour elle, elle s’est arrachée
Alors qu'à grand feu je me meurs d'attrition.

Je suis passé d'un amour transi aux enfers torrides.
Tombé malade, j'aurais pu espérer, sinon une guérison,
Du moins, une convalescence tranquille,
Mais, tombé amoureux, je ne puis compter d'aucune rémission.

L'âme contient nos enfers
Pour nous lier pieds et mains dans les fers
À cause d'un amour meurtri.
Et je trempe ma plume dans mon sang noir
Pour écrire l'histoire
Vivante et sanglante de ma damnation.

©2008 Marwan Elkhoury

Monday, October 20, 2008

Toi, l'absente, l'inexistante, l'inabordable,

Toi, l'absente, l'inexistante, l'inabordable,
Je me demande qui tu es,
Quand je me permets de rêver de toi, toi, l'inimaginable
Je me demande qui tu pourrais être,
Si j'étais qui j'étais ou qui je pouvais être,
Me connaîtrais-tu, et si tu pouvais me reconnaître,
Dans le silence des temps et la solitude de la nuit,
M'aimerais-tu comme je t'aime déjà sans même te connaitre.

Figure qui traverse brièvement les paysages de ma vie,
Vogue au-dessus des fleuves de mon univers,
Ruines des mes songes les plus sublimes,
Traverse les chemins que j'ai dû ou aurais pu, un jour, parcourir.

L'amour, ma chère colombe blanche de mes blanches veilles,
Qui me chante une ode à la tristesse de mes nuits,
Belle dame aux lourdes larmes de perles,
Parle-moi de toi, de tes amours, de tes bonheurs et de tes rêves d'amante,

Viens, je te prendrais par la main,
Pour faire un bout de ce chemin,
Sous les peupliers qui bordent les cimetières,
Avec toi, main dans la main,
Avec toi, ton coeur dans le mien.

Et comme tu sais que je ne pourrais jamais
T'aimer comme je le devrais,
Je t'en prie, ne t'en offusque pas,
Il n'y a pas d'amours heureux,
Il n'y a pas que des amours malheureux,
Mais c'est toujours ça, c'est ça l'amour
Et c'est le seul que nous puissions encore partager.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, October 14, 2008

Love song

Love without song
Song without words
Everyone writes love songs
To you, except one.
God, I need your love !

Comment aimer quand on n'est pas aimé.
Je suis l'homme blessé, le mal-aimé, l'inaimé, l'inanimé.
Blessé dans mon amour propre et dans celui de toi
Je te cherche encore alors que tu m'as déjà perdu.
Tu ne voulais pas de mon amour quand je voulais du tien.
Tu m'as refusé ton amour et je n'ai pu rejeté le tien.

L'homme naît blessé car il n'est pas lui-même
Et quand il aime il blesse
Et quand il n'aime pas encore il blesse
Car il ne sait pas aimer comme il ne s'aime pas lui-même.

Tu ne me donnes plus de tes nouvelles.
Je ne cherche plus à en avoir.
Je dédie quand même ce poème
A cette âme silencieuse et blême
Que je ne veux plus revoir mais que j'aime.

Dieu le père, pourquoi m'as-tu abandonné,
Dieu le fils aussi, dieu la mère aussi.
La mort est abandon, la disparition aussi.
L'amour est trahison, la chanson,
Comme chez Schubert, toujours syncopée.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, October 5, 2008

Il faut oublier

Il faut oublier, tout peut s'oublier,
Nos amours et nos haines,
Nos joies et nos tristesses,
Comment vivre sinon nos amours
Quand elles nous abandonnent,
Nos haines, quand elles nous assaillent,
Nos joies, quand elles s'éteignent,
Nos tristesses, quand elles nous blessent,
Nos chagrins, quand ils nous étreignent.

Il faut oublier, tout peut s'oublier
Rien ne sert de pleurer,
Les larmes ne ramèneront plus la vie,
Rien ne sert d'aimer,
Tout amour est fatal.
Rien ne reste
Tout s'en va.
Rien ne revient
Tout change.

Je ne veux rien connaître
Ni rien regretter
Tout être est absence d'être
Toute arrivée est départ
Toute connaissance trahison
Toute rencontre sans lendemain.

J'avais à coeur de te parler
De nos affaires d'âmes et de coeur
Au lieu de cela, nous parlions des temps qui pleurent
Paralysés par une timidité sans pudeur.

Nous sommes partis,
Comme nous sommes venus,
Chacun de son côté de la vie,
L'une avec ses yeux d'azur et son visage d'ébène,
L'autre noyé de remords et de peine.

©2008 Marwan Elkhoury

Wednesday, October 1, 2008

Ò, nuit de mes amours

ô, nuit de mes amours,
tu ne fais que te plaindre de ta vie
qui est, dis-tu, d'une effroyable tristesse,
mais que pour rien au monde,
tu ne l'échangerais contre une autre.

Et moi je ne fais que me plaindre de ma vie
qui est d'une incroyable tristesse,
que je serais prêt à tout pour l'échanger contre la tienne,
vivre ta vie et ta tristesse pour te donner la joie
et transfigurer tes souffrances en plaisir.

Ma vie sans toi n'est que détresse et désespoir,
une nuit sans lune, un jour sans soleil,
toutes mes nuits je ne rêve que de toi
et mes jours se passent à rêver de mes nuits avec toi.

à combien se mesure la distance entre toi et moi
et combien de mers et de terres devrais-je
encore traverser pour te retrouver

Où s'arrête la route, où commence le chagrin
Où finit le chagrin et commencent les larmes
Où finissent les larmes pour que je découvre les charmes
De la vierge qui est née pour ne jamais aimer.

L'amour, cette inconnue, est venue jusqu'à moi
mais je n'ai pu la reconnaitre,
aveuglée que j'étais par toute sa beauté.
Je ne l'ai alors saisie que lorsqu'elle était déjà loin
et j'ai couru pour à son souffle boire
et mourir dans cette nuit si noire.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, September 28, 2008

Un seul être me manque

Un seul être me manque
Et tout est dépeuplé.
Un seul être me manque
Et tout est repeuplé.

L'amour charnel
Est esclave du réel
Il obéit aux mêmes lois
De la géométrie des poids.

Attiré vers le bas,
Magnétisé par le vide,
Il tombe, à grands fracas,
En se fracassant sur les sols hostiles.

Nous jouons le jeu de l'amour
Pour mieux le feindre
S'en donner l'illusion.
Mais si, par malheur, il nous touchait,
Nous serions brûlés
Par le feu d'une passion incontrôlée.

Chacun est ombre et ombre de lui-même.
Tout n'est qu'illusion
Dans un monde qui n'existe plus,
Un monde qui n'est plus
Que la trace de sa création
Des milliers d'années-lumière en amont.

Tout, un jour, fut.
Tout ce qui fut, fut.
Plus rien n'est.
Ni moi, ni toi,
Ni amour, ni création,
Ni onde, ni monde.

Rien ne sert de se chercher
L'autre en soi-même
Ou soi-même en l'autre
Il faut se perdre à point.

©2008 Marwan Elkhoury

Wednesday, September 10, 2008

Je t'aime tu m'aimes

Je t’aime
Un peu, beaucoup, pas du tout, à la folie.
Comment t’aimer, saurais-je t'aimer, le saurais-tu ?
Tu m’aimes,
Un peu, beaucoup, pas du tout, à la folie.
Comment m’aimer, saurais-tu m'aimer, le saurais-je ?

J’aurais voulu t’aimer
Tu aurais voulu m’aimer
J’aurais voulu que tu m’aimes comme je t’aime
Tu aurais voulu que je t’aime comme tu m’aimes.
Combien m’aimes-tu ?
Un peu, beaucoup, pas du tout, à la folie.

M’aimes-tu ?
Pas de réponse.
Question sans réponse.
Ton ‘pas de réponse’ résonne de réponses
Ton ‘pas de réponse’ est de toutes les réponses
De celles que tu m’as données
Sans doute, la seule, la meilleure que tu aies pu me donner.

Voyons, repassons un peu les faits ensemble …
Ou … chacun tout seul.
Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout,
Beaucoup.
Tu m’aimes, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout,
Pas du tout.

J'ai demandé aux marguerites
de me dicter les rites.
C’est triste !
Non. C’est la vie !

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, September 9, 2008

Le dilemme du prisonnier

Moi, je t'aime et te jure que toujours je t'aimerai
Toi, tu m'aimes et me jure que toujours tu m'aimerais
Tu avais promis de toujours m’aimer
Comme j’avais promis de toujours t’aimer.

Aussitôt dit, aussitôt fait, tu courrais en aimer un autre,
Faisant semblant de toujours m’aimer.
Et moi de courir en aimer une autre,
Faisant semblant de toujours t’aimer.
L’autre, promettant de t’aimer, en aimait un autre,
Qui en aimait une autre, promettant de l’aimer.

De fil en aiguille et au fil des jours,
A chaque nouveau tour de vis, à chacun d’en aimer un autre,
Tout en prétendant s’aimer l’un l’autre pour toujours,
Et, chacun, libre de courir après chacune de ses amours,
Restait l'inconditionnel prisonnier de sa liberté de l'autre.

A courir trop de lièvres,
Chacun de se retrouver
Gros-jean-comme-devant,
Le soir, lové sur un divan,
Sans lèvres à embrasser,
Que celles de celle qu’il prétendait aimer
Tout en pensées pour celle qu’il voulait aimer.

©2008 Marwan Elkhoury

J'ai promis à dieu

J'ai promis à dieu
Que le jour où tout irait mieux,
J'arrêterai d'écrire.
Rassurez-vous, cela n'arrivera jamais.
Tout au contraire, cela va sans dire.

Je ne pourrais qu'écrire pis,
Les choses n'allant jamais en s'améliorant,
Mais toujours en se dégradant,
Premier principe d'entropie.

J'aurais voulu être ton amant,
Et toi, mon aimant.
Mais en fait, je t'aime, toi. Toi, toi non plus.

Tu as beau me haïr ou me fuir,
Je ne t'aimerai que plus.
La distance entre toi et moi s'amenuise
À mesure que tu t'éloignes,
Pour qu'à l'infini, elle soit enfin nulle
Et que plus rien ne nous sépare encore,
Dans la vie comme dans la mort.

Ton regard sur moi ne se pose,
Mais sur toute autre chose que moi se dose.

Pitié, lui dis-je, un baiser,
Un seul, pour y soigner mes plaies
Trop tard, mon cher,
Tu m'est toujours aussi cher,
Mais je suis déjà trop loin allée.

Tu étais plus loin de moi quand tu m'étais proche.
Moi aussi je prends à présent mes distances pour être proche.
On prétend que le feu de l'amour y gagne dans l'errance
Et qu'en prenant le large, on y gagne en souvenance.
Je me suis alors éloigné pour te retrouver,
Et dans cet éloignement, nos âmes se sont enfin prouvées.

J'ai perdu l'espoir de t'aimer
Et gagné le désespoir de t'aimer.
Je t'aime toi, toi, toi non plus.

©2008 Marwan Elkhoury

Monday, September 8, 2008

Les cris et l’écrit

Oserai-je t’appeler amie,
Alors que tu ne m’appelles même pas.
Oserai-je t’appeler alors que tu ne m’appelles pas.
À défaut de t’appeler, je t’écris.

Tout écrit est un cri,
Un cri sourd, un cri lourd, un cri étouffé.
L’échec du cri est l’écrit,
L’échec de l’écrit est le cri interné,
L’échec du cri interné est écriture interieure,
Et l’échec de l’échec est l’échec et mat.

Cri de désespoir de n’être pas écouté,
Dont l’espoir n’est que l’espoir d’un désespoir d’être écouté,
Au mieux le désespoir d’un espoir de ne pas être écouté.

Je t’appelle alors sans t’appeler,
Pour que tu ne m’appelles plus sans m’appeler.
Je t’écris, poussé par ce besoin animal ou sentimental de parler
Plus que de te parler,
Parler dans un désert de foules silencieuses et muettes,
Ne communiquant plus que par palimpsestes
Dont la trace se perds dans des tables célestes.

J’écris, pour écrire plus que pour dire.
Je n’ai rien à dire. Encore faut-il le dire
Pour que tout le monde le sache.
En même temps que je contemple toute l’absurdité de ce cri,
Je me refuse à ce qu’il m’empêche ni de le faire ni de le dire.
Ceci est cela. A cela, aucun ne peut y échapper
En faisant comme si ça ne l’était pas.

©2008 Marwan Elkhoury

Saturday, August 30, 2008

Règle singulière du pluriel

Ils étaient deux, ils étaient nus,
Ils étaient jeunes, ils avaient bu,
Ils étaient ce que je n'étais pas,
Ils étaient ce qu'ils n'étaient pas.

Il faisait nuit, il faisait froid.
Ils dansaient libres une valse sous la lune
Batifolant impudemment sur la dune
Je les regardais, plein d'amour et d'émoi.

Le jour se leva, le ciel rougit.
Ils coururent se réfugier dans la grange,
Pour se mettre à l'abri de l'étrange,
Je ramassais mon âme et la refermais sans un pli.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, August 28, 2008

La Muse Eclatée

Tu m’aspires dans ton sein et m’inspires ce poème,
Tu m’attires dans tes yeux, et me foudroies de tes peines.
Tu paralyses mon inspiration, la remplaces par la tienne
Je prends ta voix et j'en fais une folle antienne.

Tu n’aimes qu’à aimer et être aimée
Tu me donnes l’amour sans la liberté de m’exprimer.
Tu veux la liberté et l’amour,
Mais tu me lies à toi et me laisses sans liberté.
Qu’est-ce que l’amour sans la liberté
Et la liberté sans l’amour.
Je revendique l’amour de la liberté et la liberté de l’amour.

Je suis ton ami. Tu te joues de mes faiblesses
Tu me fais peur par ton amour et me fait fuir de t’aimer.
Tu es la finesse, moi, la lourdeur.
Tu es la vie, je suis la mort,
Tu es la beauté de ma laideur,
Et moi, la laideur de ta beauté.
Mais l’un sans l’autre, nous ne sommes rien,
Et l’un dans l’autre, serions-nous si bien.

J’ai besoin de toi autant que tu as besoin de moi.
Je ne suis rien sans toi. Tu n’es rien sans moi.
Nos sorts sont liés ; tu vivras avec moi et tu mourras avec moi.
J’ai besoin de toi pour cristalliser mon imagination
Et toi pour imaginer mes cristallisations.
Mais lorsque je ne t’ai plus, je ne peux plus écrire
Et lorsque je t’écris, je ne suis plus épris.
À moins que, sur ton corps, je n’écrive mes lamentations
Et sur ta chair mes sensations
Mes mots deviennent des caresses,
Mes virgules te laissent des paresses,
Mes traits te donnent des chancres,
Et dans ton sang je plonge mes encres.

De ma plume, je te choie,
De mes doigts, je te broie,
De tes caresses, je me noie,
Et déroule ma plainte d’élève aux abois.

Comme un enfant gâté, avec son nouveau jouet,
Je te lance en l’air pour te faire éclater
En mille morceaux, chaque morceau s’éparpillant en mille autres morceaux.
Je sors de la chambre sans un regard
Pour ce désastre, que je balaie d’un coup de tête.

Muse, ô ma Muse, je voudrais t’aimer que je ne pourrais,
Ce n’est que lorsque tu n’es plus que je peux enfin être,
Tu t’amuses à me cajoler, je t’aime à me détester
Ta chevelure abonde d’un parfum de paradis,
Qui m’enchante à te chanter une ode pourrie.

Tu vis avec qui tu ne voudrais pas,
Moi, le poète sans illusions,
Ne pouvant être avec qui tu voudrais être,
Le Baudelaire des Fleurs du Mal ou le Rimbaud des Illuminations.

Voilà que je te dégoûte.
Je te rappelle que je ne suis rien sans toi, ni rien avec toi,
Qu’un vulgaire scribouilleur jouant au poète que tu déboutes.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, August 24, 2008

La jeune fille et la mort

Un jour, la mort, dans sa rituelle ronde matinale,
Cueillant de merveilleux lys, à frêles pétales,
Rencontra une belle jeune fille qu’il aborda timidement,
Mon dieu, comme vous êtes belle, lui dit-elle, en rougissant,
Et la douce et belle créature de répondre,
Mon dieu, vous m’avez fait ombre.

Désolé, demoiselle, là n’était point mon intention.
Je ne faisais qu’un petit tour dans le jardin des tentations.
Et pour vous consoler de votre frayeur,
Voilà, ces fleurs sont à votre intention.

Je vous remercie mais ne puis accepter un tel présent.
Ce n’est rien, demoiselle, en l’acceptant,
Vous me faites un plaisir bien plaisant.
C’est trop gentil, je suis votre obligée, à présent.

Oh, Madame, je vous en prie, c’est moi qui le suis pour vous.
Je suis vieux, je suis laid, je suis à vous,
Vous êtes jeune, vous êtes belle, vous avez la vie devant vous,
Moi, je l’ai derrière moi, et le monde est à vous,
Je pars, à présent, et n’ose m’attarder près de vous,
De peur qu’on ne me surprenne à vos pieds
Et que vous commenciez à m’aimer,
Sentiment qu’à mon âge, je ne saurais supporter.

Est-ce que je vous dégoûte tant pour que vous partiez
Si précipitamment. je vous en prie, ne partez pas, restez,
J’ai comme quelque chose à vous dire. Je n’avais,
Au contraire, Madame, nulle intention de partir,
C’était juste, à vos égards, une formule pour vous ravir,
Afin que vous m’obligiez près de vous,
Et si j’en oublie mes soucis des enfers, je veux dire,
Ce n’est pas tous les jours que je fais de si belles rencontres, rassurez-vous.
Aux enfers, ils sont ternes et poussière.
Que voulez-vous que j’en tire, comme conversation au petit-déjeuner.

Cher ami, ne partez pas, Ou prenez-moi avec vous.
J’en ai assez de ce monde. Il n’est pas fait pour moi.
Madame, c’est profanation, comment osez-vous
Tenir un tel discours devant moi.
Je vous en prie, j’en ai assez de cette vie, Je m’en fous,
Je vous aime, c’est vous que je veux épouser
Non pas mon imbécile d’amant transi de froid à vous faire fuir.
Madame, je vous en prie, je suis votre obligé, je ne puis plus me dédire.
Suivez-moi, allons de l’autre côté des pleurs et du rire.

Amour et mort font bon ménage,
L’amour, de la mort, est l’otage.
Les deux pôles d’un même voyage.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, August 14, 2008

Isomorphismes Amoureux

Je t’aime mais tu ne le sais pas encore
Je t’aime mais tu ne le sauras jamais
Je t’aime mais tu ne m’as jamais aimé
Alors pourquoi t’aimerais-je si tu ne peux pas m'aimer.

Je t’aime sans raison,
Je ne sais ce qu’est aimer
Je ne sais qui j’aime en toi
Je ne sais ce que j’aime en toi
Mais je sais que je t’aime et c’est tout ce qui m’importe.

Je t’aime sans te connaître
Qu’en aurais-je du pourquoi, du comment et du parce que
Si je savais pourquoi je t’aimais
Continuerais-je encore à t’aimer
Si je savais ce que j’aimais en toi,
Continuerais-je à t’aimer
Si je pouvais t’aimer t’aimerais-je encore
Qui le sait et pour combien de temps encore.

Je t’aime parce que je ne te connais pas
Je t’aime parce que tu ne m’aimes pas
Et si je te connaissais, t’aimerais-je encore
Peut-être pas.

Amour et connaissance sont-ils compatibles
L’amour est aveugle et la connaissance méconnaissance
J’aime ce que tu n’es pas
Si je t’avais je ne t’aurais pas
J’aurais celle que je pense être toi mais qui n’est pas toi
Et si j’aimais ce que tu étais,
Tu ne serais plus ce que j’aime ou ai aimé
Déjà rien que l’acte de t’aimer altère ton identité
Et rien qu’en t’aimant, j’aurais aimé une autre que celle que j’avais cru aimer.

Je t’aime par hasard et pour mon malheur
En t’aimant je crois trouver le bonheur
C’est le malheur qui, en t’aimant, me rejoint à tout jamais
Celui de t’avoir aimé sans avoir pu t’aimer
Celui de toujours t’aimer sans jamais être aimé.

©2008 Marwan Elkhoury

Wednesday, August 13, 2008

L'Amour du Triangle

Chaque fois que je pense à toi
Je me demande tu penses à quoi ?
Tu penses à lui ou à moi ?
Quoique je sois tu me laisses coi.

Chaque fois que je te voie
J’ai comme l’impression que nous sommes trois.
C’est comme chacun pour soi
Soit pour soi ou l’autre pour soi

Je t’aime pour toi non pour l’autre.
Tu m’aimes pour l’autre, non pour moi
Pourquoi alors être avec moi
Quand tu ne penses qu’être avec l’autre.

Dis-moi alors comment te sens-tu
Je te regarde tu ne m’aimes plus
Tu regardes ailleurs comme si je n’étais plus
Dis-moi que voudrais-tu
Que je sois ailleurs ou que je ne sois plus.


© 2008 Marwan Elkhoury

Paysage de pluie

Il pleure sur la ville
Comme il pleut dans mon coeur.
Quelle est cette langueur
Qui berce mon coeur.

Le jour est la nuit
Qui reflète l'ennui
D'une âme meurtrie
Et d'un coeur flétri.

La pluie joue des cordes
De ma tristesse qui déborde
Des heures sans démordre
D'une houle qui l'aborde.

Sans espoir ni bonheur
Voir l'espoir du malheur
Me combler d'horreur
Quand vient le bonheur.

Il pleure sur la ville
Comme il pleure dans mon coeur.
Quelle est cette peur
Qui me laisse sans coeur.

Le coeur a de la peine
De ne connaître sa peine
Croire qu'en la faisant reine
Il croira qu'il l'aime.

Il pleure sur la ville
Il pleure dans mon coeur
Tous deux pleurent en choeur
L'inconsolable rime du rêveur.

© 2008 Marwan Elkhoury

Saturday, August 2, 2008

C'était juste après la guerre.

C'était juste après la guerre,
Mon amour, te souviens-tu encore ?
Comment me souviendrai-je de cette ère,
Qui m'a plongée dans une pénombre obscure ?

Te souviens-tu de nos amours, chéri,
De nos amours chéris, ce dont je me souviens encore,
C'est qu'avant de faire l'amour, chéri,
On faisait toujours la même prière,
Toujours la même prière, chéri.

Je ne me souviens plus, chéri. Mais si, chéri.
On priait dieu qu'il nous gardât en vie,
On priait pour que si l'on restait en vie,
Que l'on puisse vivre heureux.

C'était juste après la guerre,
Te souviens-tu, mon amour ?
Non, je ne me souviens plus,
Mais quelle importance pour nous.

Je me souviens plus des balles perdus,
Traçant dans la nuit nue
Des fils d'or d'une tapisserie géante
Toute tissée de rouges et de menthe.

Je me souviens plus des bombes incendiaires
Brûlant villages et pauvres héres.
Je me souviens plus des bombes à fragmentation
Qui flashaient comme des films d'animation
Explosant aux visages d'enfants qui les jetaient en l'air.

Je me souviens des miliciens de dix ans
Qui jouaient à la guerre comme on joue aux méchants
Brandissant leur klachin dans les rues en riant
Embourbées de sang et de corps boursouflés
Et, après avoir vidé des chargeurs complets,
Partaient en criant comme après avoir tiré un bon coup.

Alors, quand, enfin, les tirs se sont arrêtés,
Alors quand les enfants-miliciens se sont retirés,
Alors quand les politiciens, de leurs crimes, se sont fêtés,
Nous ramassâmes de parterre nos amours mortes
Des corps enlacés, des moignons d'enfants retors,
Pour les mettre en terre comme ils auraient aimé l'être encore
Et faire place nette à d'autres guerres si civilement menées.

© 2008 Marwan Elkhoury

Friday, July 25, 2008

Où es-tu, toi, que je cherche

Où es-tu, toi,
Que je cherche et qui me manque
Où es-tu, toi,
Qui me damne avant même de m’aimer,

A travers les airs,
A travers les mers,
A travers les terres,
Je te cherche partout,
Et ne te trouve nulle part,

Sachant que je te cherche,
Tu te caches de moi,
Tu fuis mes pas,
Les connaissant plus que je ne connais les tiens,
Au lieu que je ne te suive, là où tu es,
Tu me suis, pas à pas,

Je te cherche là où tu n’es pas,
Tu me suis, là où je vais,
Je t’appelle et tu ne réponds pas,
Pour me perdre ou te faire désirer.

Pourquoi m’as-tu quitté
Sans même que l’on ne se connaisse,
Pourquoi m’as-tu quitté
Avant même que l’on ne s’aime,
Pourquoi m’as-tu quitté
Sans même avoir goûté
Aux eaux du Styx et du Léthé.

Toi qui n’as jamais connu l’amour
Autre que dans les livres
Ferme les livres et ouvre-toi à la cour.

Aurais-tu peur de moi,
Mais de quoi,
Aurais-tu peur de moi
T’aimant et pourquoi
Ou de toi m’aimant,
Mais pourquoi.

Est-ce mon amour pour toi vibrant,
Ou ton amour pour moi naissant,
Que tu fuis.

Aurais-tu peur
De trouver en moi qui tu cherches.
Et tu te perds
Pour ne pas le retrouver,
Tu me perds pour t’oublier
Et oublier tout le mal que tu me fais.

En t’oubliant, je ne peux que te vouloir encore plus
Et plus je te veux, plus tu me fuis
Jusqu’au jour, où, épuisé d’attendre,
Je t’aurais oublié.
Et c’est, alors, que tu viendras

Te voudrais-je encore, ce jour-là
Je ne saurais le dire,
Et sachant tout cela,
Ne devrais-je pas te quitter déjà.

En fait, nous nous sommes déjà
Quittés
Depuis ce jour où tu partis.
Et cette chasse effrénée
Pour te retrouver,
N’est qu’une ruse pour me faire oublier l'oubli.

© 2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, July 22, 2008

Love you love you love you forever love you

I’ve been loving you too long,
And you have always ignored me,
Lovin’ you so long,
But never satisfied,
Please come, come closer,
I want to hold you tight,
Hold you in my arms,
Hold your body tight,
Grab your legs,
Lick your lips and suck your sex,
Baby baby baby,
Come on,
Hold me tight now,
Tighter and tighter,
Closer and closer,
I would love to strangle you
And keep you forever in my arms
Love you love you love you forever love you

© 2008 Marwan Elkhoury

Le désir

La mer ramasse les galets sur la plage
Et le ciel s’illumine d’étoiles
Mais la distance de mes lèvres à tes lèvres est si lointaine
Qu’elle dépasse celle de mes lèvres a l’étoile

J’entends ton souffle me réchauffer l’échine
Et les étoiles qui dansent au-dessus de nous
Mais ton regard est dans les étoiles
Tandis que le mien suit tes yeux absents

La présence de ton absence me ronge le cœur
Et celle du monde m’épouvante
Tu es ma lumière dans le silence de la nuit
Qui n’éclaire que mon âme d’une angoisse profonde

Pourquoi les astres ne se rencontrent-ils pas
Eblouissant la voie lactée d’une effroyable incandescence
Pourquoi les êtres ne se rencontrent-ils pas
Oblitérant nos solitudes dans un gouffre insondable/fracassement épouvantable.

© 2008 Marwan Elkhoury